Initialement publié dans le numéro 266 du magazine Programmez !. Je vous partage mon témoignage.

Moi, c’est Romy : une creative technologist.

Moi, c’est Romy, j’ai 40 ans, et je suis mère de deux filles. Je me présente comme une Creative Technologist passionnée par la culture congolaise.

Bientôt, je vais mettre mes compétences au service des artistes et entrepreneurs engagés. En valorisant mes racines et en intégrant la technologie à l’expression culturelle, je peux contribuer à des projets impactants et autonomes.

Mon parcours a commencé dans la création audiovisuelle, et j’ai évolué vers le développement web pour concrétiser mes idées de façon indépendante.

Pourquoi es-tu devenu(e) dév ?

Devenir développeuse n’était pas mon plan initial. Le code s’est imposé naturellement. J’ai commencé par créer des sites web pour mes projets audiovisuels, et au fil du temps, j’ai découvert le pouvoir d’aller plus loin, de m’approprier mes projets en les maîtrisant de
bout en bout. Cette voie s’est imposée, grâce à des rencontres inspirantes et à une soif constante d’apprendre et de construire.

Ce que j’aime dans le code

Ce qui me fascine dans le code, c’est cette capacité à transformer une idée en une réalité tangible. C’est incroyablement gratifiant de pouvoir partir de rien et créer quelque chose d’impactant. Le code me permet de fusionner la créativité et la technologie, un mélange qui me passionne particulièrement quand je travaille sur des projets en lien avec les artistes.

Pour toi, coder c’est un enfer, juste un boulot, une passion ?
C’est bien plus qu’un simple boulot. C’est un levier d’autonomisation, créative et financière. Grâce au code, je peux donner vie à des projets porteurs de sens.

Est-ce que l’open source est un élément parmi d’autres, important ou incontournable pour toi ?
Pour moi, l’open source est incontournable. C’est une philosophie en adéquation avec mes valeurs de partage et d’entraide. Pouvoir contribuer à des projets accessibles à tous est essentiel. J’ai eu la chance de travailler professionnellement sur un projet open source. J’ai mieux compris les mises en garde de Thomas Gentilhomme qui est très investi dans cet écosystème

(https://www.codeworks.fr/articles/interview-de-thomas-gentil-
homme-ecosysteme-node-et-securite
).

J’ai découvert à quel point l’animation de communauté est cruciale. Cela demande beaucoup d’engagements de la part des développeurs, et personnellement, j’ai trouvé cela assez exigeant.

Qu’est-ce qui est pour toi le plus difficile ? Rester à jour, faire de la veille techno tout le
temps ? Se motiver pour les projets ?

Le plus difficile pour moi, c’est parfois de rester motivée sur certains projets. Quand l’enthousiasme du début s’essouffle et que les valeurs du projet ne résonnent pas avec les miennes, je me replie sur l’aspect technique et je perds un peu de cette passion initiale.

Ce qui peut être éprouvant, ce sont les situations où mes compétences sont remises en question de manière injustifiée. Les comportements racistes, qu’ils soient directs ou insidieux, sont une réalité que j’ai rencontrée. Ces expériences, même subtiles, peuvent être déstabilisantes. Par exemple, alors que j’étais consultante, avant un entretien client, on a délibérément exagéré mon expérience pour m’y préparer. Quand j’ai mentionné que je sortais d’une reconversion, j’ai reçu un commentaire stéréotypé, qui m’a sidérée. D’autres fois, mes propos techniques ont été moqués, malgré mes réponses correctes.

Le plus difficile dans ton job au quotidien, c’est quoi ?

Outre les préjugés, les jugements peuvent parfois paraître anodins, mais ils laissent une empreinte. C’est un défi de devoir sans cesse prouver sa légitimité. Mon parcours me pousse à avancer, et il est en partie inspiré par mes parents, ingénieurs en informatique formés en Belgique et en France dès 1979. Leur persévérance dans des environnements peu diversifiés me montre que réussir, bien que possible, n’est pas toujours simple.

Pour toi, c’est quoi être dév ? C’est ce à quoi tu t’attendais ?
Être développeuse, c’est bien plus polyvalent et créatif que je ne l’imaginais.

Mon parcours n’a pas été sans surprise, mais cela a surtout renforcé ma résilience. Pour moi, ce rôle est aussi une façon d’honorer l’héritage de mes parents, et d’éviter les écueils, freins et autres obstacles à celles et ceux qui veulent se lancer.

Avec l’expérience, qu’est-ce que tu ferais pareil ou ce que tu changerais ?

Avec le recul, j’aurais probablement fait davantage confiance à mon instinct créatif dès le début et lancé plus tôt des projets qui me tenaient vraiment à cœur.

Comment te formes-tu ?
Je continue à me former à travers des conférences, des formations en ligne et des échanges au sein de communautés tech. Par exemple, j’ai été active au sein de Ladies of Code et Duchess, des groupes qui ont enrichi mon parcours en tant que femme noire dans la tech.
Pour moi, l’apprentissage est un processus continu, et il est essentiel de s’entourer de gens qui partagent cette vision.

Aimes-tu le code ?

J’aime le code pour sa capacité à résoudre des problèmes et à donner vie aux idées. C’est avant tout un outil, un moyen de créer des solutions simples, testables et maintenables.

Détestes-tu le code ?
Détester c’est un peu fort. Je n’aime pas le code “spaghetti”, le code cryptique et inutilement compliqué. Ce genre de code rend les projets plus lourds qu’ils ne devraient l’être.

Des conseils ? Des bonnes pratiques pour celles et ceux qui voudraient se lancer ?
Mon premier conseil serait d’oser se lancer, même si le parcours est parfois sinueux. La résilience et la curiosité sont essentielles, tout comme la capacité à apprendre de ses échecs. Pour les bonnes pratiques, je ne peux que vous recommander de vous intéresser au Craft (ou Software Craftmanship).
Apprendre à apprendre est essentiel. Soyez curieux, persévérez, trouvez des projets qui vous passionnent. Et surtout, restez vous-même.

Qu’est-ce qui est le plus difficile au quotidien ?
Outre ce que j’ai déjà mentionné, le plus difficile reste le changement de contexte constant, surtout lorsque je ne peux pas organiser mon travail à ma manière.

Comment surmontes-tu les défis ?
Grâce aux communautés de soutien, aux rencontres avec d’autres dévs en reconversion, et aux échanges bienveillants. Et je me souviens toujours des parcours de mes parents, qui m’encouragent à avancer sans fléchir.

Et après ?

Je ne me vois pas coder toute ma vie. Mon objectif est de conjuguer création, stratégie et technologie dans un projet à long terme. Ce qui m’importe, c’est de construire quelque chose de durable et d’impactant pour la culture congolaise et pour le Congo.

Si tu restes dév, qu’est-ce qui te motive le plus ?

Ce qui me motiverait, c’est de continuer à pratiquer ce métier à ma manière et en restant fidèle à moi-même

Romy Alula

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